Il y a très longtemps, au delà des âges, les hommes savaient encore voir. Non, je ne parle pas de voir tel qu'on l'entends aujourd'hui, mais véritablement voir. Voir dans le cœur et l'esprit, mais aussi au-delà du miroir. Oui, voir et ressentir ce monde dit de l'invisible, si subtil et si fragile.
Il fut un temps quand il pleuvait, on apercevait parfois dans une gouttelette d'eau le petit Lunéo, esprit de l'eau.
Ou bien le soir, l'hiver, au coin du feu apparaissait au milieu des flammes le furtif Follieu, esprit du feu.
Lorsque le vent soufflait, un frisson nous rappelait la caresse d'une fée. Alizé ou Maë? Qui sait?
Et quand on s'adossait à un arbre, on sentait son coeur qui battait, c'était Boisophile, esprit des bois qui y vivait.
Le long des chemins, à la hauteur des fleurs, les lutins chahutaient , comme Mélandrine ou Solindë.
Chaque instant, chaque vision pouvait être peuplée de ces esprits enchantés.
Et c'est leur histoire que je vais maintenant vous raconter...
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